Les grandes cuves noires

Une exploration menée par l’ESCOUADE CH’TITURBEXEUR


Région partagée entre la France, la Belgique et les Pays-Bas, la Flandre est connue pour son émergence industrielle. Outre la production de textiles, son bassin minier était également un atout majeur dans l’économie de ce territoire. Celui-ci s’étend sur 450 000 hectares entre le Pas-de-Calais et l’agglomération Liégeoise, 4 fois plus grand que la superficie de Hong-Kong.

Le charbon étant de plus en plus mis de coté, les infrastructures ont commencé à cesser leur activité une par une entre les années 60 et 90. D’ailleurs, c’est la raison principale du nombre important de sites miniers abandonnés : à défaut de produire à nouveau du charbon, c’est devenu un bassin riche d’histoire et de tragédie.

Pour cette exploration, nous sommes partis vers un triage-lavoir à charbon non loin du bassin minier de Charleroi. Comme sa fonction l’indique, ce type d’usine permettait de laver le minerai pour retirer toutes les impuretés présentes avant son exportation. En arrêt depuis la fin des années 60 et avec un projet de reconversion au point mort, la commune voulait tout simplement démolir l’usine. Cependant, elle sera classée dans les années 2000 à titre de patrimoine national, annulant alors toute procédure de destruction.

Bien évidemment, nous ne sommes pas venus explorer cette usine par hasard : elle fait partie des structures minières des plus esthétiques, tant dans son architecture que dans sa grandeur. Inauguré dans les années 50, ce bâtiment possède pas loin de 3 500 m² de verrières. A l’intérieur, un emmêlage d’escaliers, à l’image de la Relativité d’Escher, surplombe deux grandes cuves d’environ 12m de diamètre, de quoi traiter 3 000 tonnes de charbon quotidiennement. Les constructeurs ont certainement voulu exposer leur puissance économique à travers « ce château de béton et de verre ».

Ce qui nous frappe le plus, c’est le contraste stupéfiant de l’usine : l’aspect extérieur est en très bon état avec un intérieur sombre, rouillé et poussiéreux. Comme quoi, l’emballage d’un cadeau ne montre pas son réel contenu ! C’est aussi la première et rare fois que nous voyons toutes les vitres d’un vestige intactes, montrant le respect que les visiteurs peuvent faire preuve.

On vous laisse imaginer ce véritable labyrinthe vertical : pour se rendre à un point en particulier, nous n’avions pas le choix de réfléchir aux escaliers en bon état à emprunter dans le bon ordre. A part quelques pièces mécaniques rongées par l’humidité et une légère reprise de la végétation dans les fissures du béton, le lieu est entièrement vide et d’un silence reposant, laissant libre notre esprit sur l’instant présent. C’est pour ce genre de ressenti qu’on aime aussi nos explorations : l’évasion dans un endroit inconnu, détenant une histoire chargée, avec ce petit côté aventurier moderne.

On conclut notre escapade sur l’avenir de l’usine : depuis son classement, les propriétaires recherchent des idées pour sa réhabilitation et souhaitent commencer ce projet en 2023 avec un coût estimé à 16 millions d’euros. Il est toujours intéressant de voir comment les structures abandonnées peuvent être transformées en quelque chose de nouveau et d’utile pour la communauté. Nous espérons que cette usine pourra être réhabilité en un lieu qui continuera à inspirer les visiteurs, tout en respectant son histoire et son architecture unique. Affaire à suivre !

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